top of page

La Biennale d'art contemporain de Lyon se tient dans un lieu nouveau : une friche industrielle, celle des usines Fagor-Brandt. On se souvient de l'électro-ménager de cette marque à une époque où l'on songeait encore à s'équiper et non à simplement renouveler sa cuisine. J'ai oublié les œuvres exposées pour tourner mon regard vers ce qui constituait la mémoire de ce lieu. Il y avait là, avant que des artistes n'investissent les hangars, les derniers signes d'un monde industriel qu'on clame disparu. Les signes portant les souvenirs de gestes, les traces de l'organisation du travail et de sa sécurité, les empreintes des outils de production. Toute une poésie de couleurs, de formes, de signes d'un monde disparu que d'autres gestes ont complété plus que combattu, les gestes plus anarchiques, mais tout aussi colorés, des taggers. Lieux marginaux d'un monde ouvrier qu'on ne voulait pas voir, de chaînes de production ouvertes qu'aux seuls initiés devenus terrains de cris, de bris, d'écrits.

Dévier le contemporain vers son support souvent nié, le monde moderne. On dit qu'il n'a cherché qu'à effacer le passé, mais la table n'est jamais rase. Elle garde les empreintes, les traces, la mémoire des gestes. Cette table, notre écran où le regard se porte, ou s'aveugle. Se laisser charmer par les formes d'un monde dont il ne reste que ces formes pour faire revenir l'interrogation sur les pertes. Il ne s'agit pas que de dire qu'il y a une poésie graphique dans ces formes, couleurs, lettres ou chiffres. Il y a un monde humain de labeurs, de souffrance et de combats.


JAUNE

Le jaune voyant des cercles, des disques et des courbes.




BLANC

Le blanc dessinateur des inscriptions, des cadres et des lignes.


ROUGE

Le rouge attendu des ordres, des dangers et des prescriptions.


BLEU

Le bleu inattendu des faux horizons, des circuits d'air et des leurres.


GRIS

Le gris de l'atmosphère, des rouilles, des suies, des trouées de lumière. Gris, brun, ocre, métallique ou mat, corrosion, trous d'ombre, pièges de l'attention. Gris des existences sans rêve.


ET L'HOMME?

une silhouette en mouvement, guidée, standardisée, effacée.


bottom of page