top of page

lecture 3 # Les chiffonniers de Paris



Parfois on n'aime pas un livre alors que tout poussait à le lire. Le livre d'Antoine Compagnon sur les Chiffonniers de Paris m'appelait. En automne depuis quelques années je retourne à Baudelaire. Là, c'était l'occasion d'explorer un motif poétique, relayé en philosophie par Benjamin puis Agamben entre autres, apparemment développé dans son contexte historique. Or tout est laborieux dans ce beau livre. Chapitre après chapitre on égraine un lexique (alors qu'une forme assumée de lexique alphabétique eût été plus inventive et conforme à son sujet - mais pour un professeur au Collège de France d'aujourd'hui pas d'invention formelle pertinente comme s'il s'agissait de faire payer à son maître Barthes son compagnonnage (j'ai longtemps appelé Compagnon, Antoine Trahison à la suite de ses essais sur la modernité)), un lexique complété de sources et d'images jamais étudiées comme texte ou image mais comme simples archives. Ennui pesant de lire sans avancer dans nulle réflexion, sinon pour voir page après page revenir la référence à Benjamin afin d'en dénoncer la lecture d'un Baudelaire révolutionnaire. Réglement de comptes, sans doute.

Le plus beau arrive à la fin. Pour justifier sa démarche, Compagnon cite Riffaterre (p. 424) sans donner de référence bibliographique mais pour citer "production textuelle", "mot-noyau", "système descriptif". Et Compagnon de conclure, pour moi, en cuistre coupable s'obligeant à feindre ce qu'il dénonçait comme jargon, en imitant l'époque honnie pour montrer que ce qu'il fait c'est ce qu'elle disait de façon affectée et gauchiste : "j'ai voulu observer la dissémination du chiffonnage à la surface de la littérature du XIXe siècle, suivre l'efflorescence de cette structure profonde".

Conclure en structuraliste afin de terminer une triste monographie à la grand-papa, paraître moderne pour dire qu'être anti moderne c'est la seule façon de l'être sans jargon, sans errance, sans égarement. Bref, exposer que tout est plus simple qu'on ne le croit, qu'il faut défendre un conservatisme tranquille désormais que l'histoire - que l'on écrit soi-même - a fait le tri en ramenant dans le giron les plus acceptables des modernes. Plus rien de dangereux là-dedans.



Comments


bottom of page